Life
Chiara Luce Badano, une vie lumineuse
Chiara Badano est née à Sassello le 29 Octobre 1971. Attendue depuis longtemps elle est fille unique et de la famille elle reçoit une solide éducation chrétienne. Elle est riche en talents, belle et sportive et elle a beaucoup d’amis.
Elle adhère au Mouvement des Focolari fondé par Chiara Lubich quand elle a seulement 9 ans: elle découvre Dieu comme Amour et elle en fait l’Idéal de sa vie.
A’ l’âge de 17 ans la terrible maladie du cancer que elle vive en complet abandon vers Dieu même dans les moments les plus difficiles; à qui se rapproche d’elle, elle communique que la sérénité et la joie.
Dans un climat de “ extraordinaire normalité ”, où le ciel et la terre semblent se rencontrer, Chiara estime que la fin s’approche et elle se prépare comme pour un mariage. Elle mourre le 7 octobre 1990; juste avant, elle avait salué sa maman en lui disant: “Soit heureuse parce que je le suis”.
Bientôt son histoire se diffusait dans le monde entier.
Chiara “Luce” Badano a été béatifiée en 2010.
Quelques jours plus tard, Pape Benoit VXI la dira d’elle:
(…) Je pense que vous tous savez que samedi 25 Septembre, à Rome a été béatifiée une fille italienne appelée Chiara, Chiara Badano. Je vous invite à la connaitre: sa vie était courte, mais s’agit d’un merveilleux message. Chiara est née en 1971 et elle est morte en 1990 à cause d’une maladie incurable. Dix-neuf ans pleins de vie, d’amour et de foi.
Deux ans, les derniers, également pleins de douleur mais toujours dans l’amour et dans la lumière, une lumière qui resplendit autour d’elle et qui sortait de son intérieur: de son cœur plein d’amour pour Dieu.
Comment cela peut-il être possible? Comment peut une fille de 17, 18 ans vivre une douleur aussi bien, humainement sans espoir, répandre l’amour, la sérénité, la paix et la foi?
Evidemment cela c’est une grâce de Dieu, qui a été aussi préparée et accompagnée par une collaboration humaine: la collaboration de Chiara elle-même, certainement, mais aussi de ses parents et des ses amis (…)
L'enfance
Chiara Badano est née à Savone le 29 Octobre 1971 et a vécu à Sassello,
un petit village de la Ligurie.
Sa mère Maria Teresa et son père Ruggero se souviennent:
Nous nous sommes mariés à l’âge de 26 ans et notre plus grand souhait était d’avoir des enfants mais nous avons dû attendre onze ans.
Ruggero ne concevait pas un mariage sans enfants et quand il était avec des amis qui avaient des enfants il souffrait beaucoup de ne pas en avoir. Toutefois, il continuait à prier, même sur son camion pendant ses longs voyages d’affaires.
Et pour la énième fois il avait demandé la grâce dans un Sanctuaire de notre diocèse et le bébé tant attendu enfin arriva.
Avec sa naissance, nous avons ressenti dans l’âme que Chiara était non seulement notre fille, mais qu’elle était, tout d’abord, fille de Dieu et que, en tant que telle, nous devions l’élever en la respectant dans sa liberté.
Avec son arrivée nous avons ressenti davantage la grâce du sacrement du mariage : cette fille complétait notre mariage et amplifiait l’amour entre nous.
La famille de Chiara est simple. Elle est fille unique et reçoit de ses parents une solide éducation chrétienne, basée plus sur le bon exemple et l'amour que sur les interdictions ou les réprimandes. Elle a un caractère généreux, ouvert, doux et fort à la fois.
Maria Teresa, la mamma, racconta un piccolo aneddoto:
Chiara avait beaucoup de jouets. Un jour, lorsqu’elle jouait dans sa
chambre, je lui dis : « Eh bien, tu as beaucoup de jouets, tu en as
vraiment beaucoup… » Et elle répond: « Oui. » Je lui propose donc d’en
donner quelques-uns aux enfants pauvres.
Très sûre d’elle, elle
répond : « Non, ils sont à moi ! » Alors je retourne dans la cuisine,
mais quelques instants plus tard j’entends sa petite voix: « Ça oui, ça
non, ça oui, ça non… » Intriguée, je retourne vers sa chambre, je
m’arrête devant la porte et je la regarde: Chiara est en train de
partager ses jouets en deux tas différents et puis elle me demande un
sac pour les courses.
Je le lui apporte et elle commence à le
remplir. Je lui dis « Chiara, mais ces jouets sont tout neufs ! » et
elle me répond: « Aux enfants pauvres on ne peut pas faire cadeau de
vieux jouets!.
Elle avait à peine quatre ans.
Chiara grandit belle et saine, profondément aimée par ses parents et en particulier par ses grands-parents maternels immensément heureux de sa naissance.
Maria Teresa, sa mère, raconte une petite anecdote
À l’âge de neuf ans et demi, elle fait une rencontre très importante: elle connait le Mouvement des Focolari fondé par Chiara Lubich.
C’est le printemps 1981 et Chiara participe avec ses parents au Family
Fest, une grande rencontre internationale qui a lieu au PalaEur à Rome :
la découverte que « Dieu nous aime immensément » la marquera
profondément pas seulement dans ses relations familiales, mais aussi
dans ses relations avec ses amis et ses camarades de classe.
Chiara et son amie Chicca écrivaient à Chiara Lubich
“Nous avons commencé notre aventure, avec l’Evangile sous le bras nous ferons de grandes choses”
Chaque point de la spiritualité des Focolari devient pour Chiara source
d’inspiration: aussi bien lorsqu’elle doit faire ses premiers choix
importants que pour résoudre les petits et les grands problèmes du
quotidien, en découvrant les merveilles infinies de l’Évangile vécu.
Chiara est fascinée par la fraternité entre les membres du Mouvement,
par son universalité et l’effort de ses membres à rendre concrets les
enseignements évangéliques.
Quelques temps plus tard elle écrira:
J’ai redécouvert l’Évangile… Je n’étais pas une vraie chrétienne parce que je ne le vivais pas jusqu’au bout. Je ne veux pas et je ne peux pas rester analphabète d’un message aussi extraordinaire. Maintenant, je veux faire de ce magnifique livre le seul but de ma vie.
Il 17 giugno 1983, al suo primo Congresso Gen, insieme a tante altre ragazzine di tutto il mondo, scrive a Chiara Lubich:
Questo per me è stato il primo Congresso e, debbo dire, che è stata un’esperienza meravigliosa, ho riscoperto Gesù Abbandonato in un modo speciale, l’ho sperimentato in ogni prossimo che mi passa accanto.
Chicca ricorda:
Credo che fu decisivo un video di Chiara Lubich, di qualche anno prima, che ci fu mostrato quando eravamo ancora delle ragazzine. Ci confidava il suo segreto: Gesù Abbandonato. Ci invitava a sceglierlo come “primo sposo” della nostra vita e ad alzare la mano se fossimo state d’accordo. E Chiaretta lo fece, come me e tante altre: immediatamente, con uno slancio che ricordo ancora oggi.
L'adolescence
Au-delà de sa remarquable sensibilité spirituelle, Chiara est une fille comme les autres, joyeuse, extravertie et réservée à la fois. Une véritable sportive : elle pratiquait du patinage et du tennis, elle aimait la montagne, mais à la mer elle « explosait ».
À Sassello elle a beaucoup d’amis qu’elle rencontre souvent au Bar Gina.
Plusieurs d’entre eux lui confient leurs doutes et leurs difficultés
car ils remarquent qu’elle a une extraordinaire capacité d’écoute, une
sensibilité et une profondeur vraiment insolite pour une adolescente..
Lorsque sa mère lui demande si elle leur parle de Dieu, Chiara, très
convaincue, répond : « Je ne dois pas leur parler de Jésus, je dois le
leur donner ». Maria Teresa lui demande alors : «Et comment fais-tu ? ».
« Tout d’abord avec mon attitude à l’écoute, puis avec ma façon de
m’habiller mais surtout avec ma façon d’aimer » répond-elle..
Chiara dans ce chemin de maturité humaine et spirituelle est accompagnée
d’autres jeunes notamment ceux de la nouvelle génération du mouvement
des Focolari (surnommé Gen par la fondatrice). Nombreuses sont les
occasions de rencontre dans une atmosphère de profonde unité, dans la
liberté et dans le respect absolu lorsque l’on parle de ses expériences
de vie, de ses progrès et des difficultés vécues pour concrétiser l’
amour évangélique.
Une relation qui se développe au fil du temps : tous les prétextes sont
bons: appels téléphoniques, petits messages, fêtes, sorties, rencontres
d’approfondissement spirituel…
Maria Teresa raconte:
Un jour, de retour d’une de ces réunions, Chiara arrive à la maison sans
sa montre. Je lui demande : « As-tu perdu ta montre ? Non – répond elle
– je l’ai mise dans le panier pour la communion des biens à donner aux
pauvres ». J’étais étonnée et je lui ai dit que nous ne pouvions pas en
acheter une autre et elle, très détendue, m’a répondu : « Ce n’est pas
grave », et elle n’y pensait plus. Après quelques temps, son grand-père
paternel, qui voulait lui faire un cadeau, lui demanda si elle avait une
montre. Et elle, sans donner d’autres explications, dit que non. Il lui
donna alors l’argent, en disant : « Avec cet argent tu pourras
t’acheter une montre ». Après son départ, Chiara et moi nous nous sommes
regardées et elle m’a dit : « Maman, ma montre est de nouveau là.
Elle avait environ 11 ans.
Chiara est attentive et disponible avec tout le monde : de la camarade
de classe malade aux grands-parents ayant besoin d’assistance, des
marginalisés habitant le village aux sans-abris qu’elle rencontre sur le
chemin de retour de l’école.
Pendant la période de Noël lors d’une visite avec la classe à la maison
de retraite de Sassello elle est très touchée par une toute petite femme
aux grands yeux et au joli sourire : Nonna Speranza (grand-mère
Esperance en français).
Souvent elle allait la voir et l’aider au dans ses tâches quotidiennes – se souvient encore sa mère – Elle la coiffait, elle lui lavait le visage, elle refaisait son lit… Lors de ces visites Nonna Speranza lui racontait des histoires comme celle du ramoneur qu’elle aimait beaucoup. J’ai donc voulu la rencontrer et la première chose qu’elle m’a dit fut : « Vous avez une fille qui n’est pas de ce monde…». Ma mère aussi, en regardant Chiara, me le disait souvent…
les riches et les pauvres, entre ceux qui sont sympathiques et ceux qui
ne le sont pas, entre ceux qui sont croyants et ceux qui ne le sont pas.
Elle connaît les récompenses et les souffrances comme tout le monde. Elle
avait profondément souffert lorsque elle avait dû déménager du village
de Sassello, qu’elle aimait tant, à Savona, pour fréquenter le lycée. En
première année de lycée, la première grande douleur de sa vie : elle
redouble mais d’après beaucoup de personnes ce redoublement est jugé
injuste car dû à des malentendus avec un professeur.
Ensuite,les rêves, les problèmes de l’adolescence et la déception à cause d’un amour d’adolescence fané avant même de se concrétiser vraiment. Toujours projetée envers les gens qu’elle côtoyait ou qu’elle rencontrait, Chiara essayait toujours de transformer la douleur en amour. Elle n’y arrivait pas toujours et alors elle disait:
“On peut toujours recommencer”.
La maladie
Ce à quoi tu ne t'attends pas
Été 1988: à 17 ans la maladie de Chiara surprend tout le monde.
À cause d’une forte douleur à l’épaule, elle fait tomber par terre sa
raquette de tennis lors d’un match entre amis. Dans un premier temps,
les médecins pensent qu’il s’agit d’une côte cassée et lui prescrivent
des infiltrations. Mais le problème n’est pas résolu et, lorsque les
médecins font des analyses plus approfondies, le pronostic laisse très
peu d’espoir: ostéosarcome avec métastases.
En février 1989, la première opération chirurgicale à Turin.
Vingt jours après, lors d’une visite chez un spécialiste à l’Hôpital
pédiatrique Regina Margherita, le médecin informe Chiara de la gravité
de sa maladie.
Sa mère aurait aimé l’accompagner mais à cause d’une soudaine et
dangereuse phlébite à une jambe, elle avait dû rester au lit dans la
maison généreusement mise à leur disposition par une famille, qu’ils ne
connaissaient pas encore à l’époque, pour les loger pendant la
chimiothérapie.
Ce fut donc son père qui l’accompagna à cette première visite et sa mère se souvient:
“Je l’attendais, mais les minutes et puis les heures passaient jusqu’à
quand, de la grande baie vitrée de la chambre, je l’ai vue revenir :
elle marchait très lentement, avec son manteau vert, elle avait les
mains dans les poches, et son père la suivait un pas en arrière. Dès
qu’elle a ouvert la porte, je lui demandai : « Alors Chiara, comment ça
s’est passé ? ». Mais elle, le visage sombre, sans me regarder, me
répondit : « Maintenant, ne parle pas – pendant deux fois – Maintenant,
ne parle pas ». Et elle se laissa tomber sur le lit, toute habillée.
Le silence était terrible, je voulais lui dire plein de choses, « tu
verras, peut-être… tu es jeune … », mais je sentais que je devais
faire ce qu’elle m’avait demandé de faire.
Je la regardais : elle
avait les yeux fermés, mais de l’expression de son visage je voyais
toute la bataille que Chiara combattait à l’intérieur d’elle-même.
Beaucoup de fois elle dit oui à Dieu mais dans la joie, maintenant elle
devait le dire dans la plus grande douleur et elle n’y arrivait pas.
Sur une petite étagère au-dessus du lit, il y avait une petite montre.
Après vingt-cinq minutes qui me sont semblées interminables, elle se
tourna vers moi avec son expression et son sourire et elle me dit : «
Maman, maintenant, tu peux parler, tu peux parler. » Je pensais à
l’intérieur de moi : «Jésus, maintenant Chiara a dit son oui, mais
combien de fois devra-t-elle le répéter et combien de fois
tombera-t-elle ? ». Chiara a mis vingt-cinq minutes à dire oui et elle
n’a jamais regardé à l’arrière”.
Après les premiers cycles de chimiothérapie elle avait presque immédiatement perdu l’usage des jambes. Un jour elle demanda à Maria Teresa: « Maman, je ne marcherai plus ? J’aimais tant aller à vélo … » Et elle lui répondit: « Ne t’inquiète pas, si Jésus t’a enlevé les jambes, il va te donner des ailes ».
En attendant le pressentiment de la mort est de plus en plus clair:
“Maman, peut-on mourir à 17 ans ?”
demande un jour Chiara à sa maman. Et Maria Thérèse lui répond:
“Je ne le sais pas. Je sais seulement que l’important c’est de faire la volonté de Dieu, si ceci est Son dessein sur toi”.
“Tu penses qu’il s’agit d’une fausse alerte ou que je vais vraiment partir?”
Et sa maman:
“Je ne le sais pas Chiara, pour partir il faut le temps de Dieu ; mais ne
t’inquiète pas, ta valise est prête, elle est pleine d’amour, et quand
ce sera le moment, Jésus te prendra la main et te dira : Viens, c’est le
moment d’y aller !”
Chiara lui demande de ne pas lui laisser la main et sa maman la rassure:
“Ne t’inquiète pas, je te la lasserai seulement quand je verrai que la Sainte Vierge te l’aura prise”.
Les amis font des ronds de prière pendant toute la nuit. Les médecins
hésitent à la laisser mourir ou à lui faire une transfusion. Ses parents
sont perdus, envahis par un terrible doute, incapables de comprendre ce
qu’il vaut mieux faire pour leur fille. Mais peu après les docteurs
décident de poursuivre avec les traitements. Chiara vivra encore un an.
Des mois qui seront décisifs pour elle.
Bien que condamnée à l’immobilité, Chiara est toujours très active : le
petit téléphone dans sa petite chambre devient l’outil essentiel à travers lequel elle fait circuler une nouvelle vie et des intuitions de l’âme, communiquer et recevoir des sentiments d’amitié.
“À cette époque Chiara Lubich propose aux jeunes du monde un nouveau
mouvement international et au congrès fondateur de la Jeunesse pour un Monde Uni, résonnent les mots qui laissent le signe même dans l’hôpital où Chiara est désormais obligée à rester au lit : « Il a fallu la
souffrance (de Jésus sur la croix), sa douleur pour libérer le monde –
dit Chiara Lubich – Il faut également notre souffrance pour faire un
monde uni (…) Vivre pour des demi-mesures est trop peu pour un jeune
qui a une seule vie : il faut quelque chose de grand… Dieu vous
propose quelque chose de grand : c’est à vous de l’accepter”.
C’est l’expérience que Chiara Luce est en train de faire. Ainsi elle
continue à vivre et à offrir chaque nouvelle difficulté en étant présente de plusieurs manières. Grâce à l’antenne parabolique montée sur le toit de sa maison elle peut suivre le Genfest en direct (un événement avec les jeunes du monde entier qui a lieu à Rome en mai 1990). L’Afrique est toujours dans son cœur : elle donne l’argent qu’on lui a offert pour son dix-huitième anniversaire à un ami qui partira pour le Bénin en luis disant : « Je n’en ai pas besoin, moi j’ai tout».
Chiara vit tout avec simplicité et, au même temps, avec une profondeur
impressionnante : dans sa petite chambre le mystique et le sacré
deviennent la normalité du quotidien, et la vie ordinaire devient
sainteté extraordinaire. Comme d’habitude elle parle peu de sa maladie,
ne garde pas un journal intime, mais à tous ceux qui lui rendent visite
elle communique la sérénité, la paix, la joie. Tout simplement, Chiara
continue à aimer : les parents, les médecins et les infirmières, les
amis… Même si – comme elle l’écrira à Chiara Lubich – “La médecine a déposé ses armes”.
Maria Teresa, sa maman, continue son récit:
“Je me souviens quand nous avons quitté Turin pour retourner à Sassello,
nous nous sommes arrêtés, comme d’habitude, dans un bar sur une aire
d’autoroute. Chiara, qui habituellement descendait avec son père pour
s’acheter quelques choses à manger, cette fois-ci s’apprêtait à
descendre quand elle s’est rendue compte qu’elle n’y arrivait plus, et
avec un ton normal, elle a dit : « Ah ! Oui, c’est vrai ! Je ne marche
plus …. ».
Face à ces mots, je me sentais mourir et, puisque
j’étais assise derrière elle, j’ai posé mes mains sur ses épaules et je
les ai serrées très fort en essayant d’étouffer mon cri de douleur”.
Et papa Ruggero continue:
“Sans aucun doute, elle a offert même cette douleur à Jésus, ce moment si
précieux, car là, à ce moment-là, elle se rendait compte qu’elle
n’aurait plus jamais marché. Ceci est une chose qui m’a beaucoup touché
parce que ce moment-là, pour nous aussi, a été très difficile ; mais, en
voyant comme elle le vivait, nous ne pouvions pas rester à notre niveau
humain, fait de tristesse et d’ inquiétudes pour l’avenir, parce
qu’elle voulait toujours être, rester avec nous, dans cette dimension
que nous pourrions définir humaine et divine à la fois.
Ce qui nous a
toujours aidé pendant ces deux années était la présence de Jésus parmi
nous, cet élan pour essayer de Lui offrir cette douleur, comme nous en
étions capables, tous les trois, et chacun à sa propre façon afin qu’Il
nous donnait la force. Et il y avait cette sérénité, ce vivre dans une
dimension surnaturelle : il nous arrive des choses, mais nous n’arrivons
pas à bien les comprendre. Mais en y repensant aujourd’hui, nous devons
dire que ces deux années-là ont été les années les plus bénies par Dieu
pour notre famille : parce que Jésus nous a vraiment fait vivre une
chose extraordinaire, si extraordinaire que nous ne sommes même pas en
mesure de l’expliquer”.
les espoirs sont très minces. Les hospitalisations à l’hôpital de Turin
sont de plus en plus fréquentes. Au « Regina Margherita » les Gen
s’alternent et beaucoup d’amis du Mouvement lui rendent visite pour la
soutenir et épauler sa famille.
Elle veut être informée sur chaque détail de sa maladie, et à chaque
nouvelle et douloureuse surprise, elle n’a jamais une hésitation:
“Pour Toi Jésus : si tu le veux, je le veux aussi!”
En attendant elle continue à écrire à Chiara Lubich: elle lui confie les
découvertes et les ténèbres de l’âme. La fondatrice du Mouvement lui
écrit:
“Dieu t’aime immensément et il veut pénétrer dans la profondeur de ton âme et te faire goûter des gouttes de ciel. Chiara Luce c’est le prénom que j’ai pensé pour toi : est-ce qu’il te plaît ? C’est la lumière de l’Idéal qui conquiert le monde”.
Les derniers temps
Lorsque la maladie s’aggrave, il faudrait intensifier l'administration de la morphine mais Chiara Luce refuse:
Le 10 septembre 1990, quelques semaines avant sa mort, Chiara envoie un message enregistré aux gen – les jeunes appartenant au « Mouvement des Focolari » – pour les saluer et les remercier de leur proximité ; à cette occasion, elle leur fait part d’un expérience qu’elle avait vécue à l’hôpital de Turin.
Le 5 octobre , même si épuisée, elle a encore le temps de dire adieu à
tous ceux qui sont passé pour avoir des nouvelles et, en particulier,
les jeunes aux quels elle sent qu’elle doit passer le relais, comme on
le fait dans les Jeux Olympiques parce que elle confie, en se souvenant
des mots de Chiara Lubich: «Les jeunes sont l’avenir : ils n’ont
qu’une vie et il faut bien la vivre:
« Les jeunes sont l’avenir : ils n’ont qu’une vie et il faut bien la vivre ».
Peu après, elle demande à sa maman de s’approcher
“Maman au revoir! Sois heureuse parce que je le suis”.
Papa Ruggero, de l’autre côté du lit, demande si l’invitation est
valable pour lui aussi et elle hoche la tête avec un sourire. Ce furent
ses derniers mots, mais pas son dernier acte d’amour, parce que Chiara
réussira à faire don de ses cornées, la seule partie de son corps qui
n’avait pas été atteinte par le cancer.
Chiara Luce Badano est décédée le 7 octobre 1990 à 04h10. Lors de son
enterrement, célébré par l’évêque Mons. Maritano, les groupes musicaux
Gen Rosso et Gen Verde chantent les chansons que Chiara Luce avait
choisies : des centaines et des centaines de jeunes sont présents à
l’église et presque tout le village est sur la route qui mène au petit
cimetière où elle sera enterrée dans la petite chapelle de famille. Et
là aussi d’autres chansons et des larmes d’émotion.
Ses parents reçoivent un grand bouquet de fleurs et un télégramme de la part de Chiara Lubich:
“Nous remercions Dieu pour ce chef-d’œuvre rayonnant”.
“Je suis moins lucide et moi je n’ai que la douleur à offrir à Jesus », dit-elle résolument.
Papa Ruggero est souvent impressionné, il ne peu presque pas croire à
la détermination et à la sérénité que sa fille démontre aussi dans les
moments les plus difficiles. Parfois, il arrive à la regarder par le
trou de la serrure pour être sûr que sa fille ne joue pas un rôle afin
de rendre la vie de ses parents un peu moins douloureuse : elle est là,
toujours sereine, et parfois il l’entend chanter.
“Je rentre et en regardant le désordre qu’il y avait dans la pièce, j’ai
immédiatement compris que la nuit avait été terrible. Ruggero me fait
signe de ne pas parler parce que elle venait de s’endormir. Je me suis
appuyée contre le mur, à côté d’elle, le visage si pâle que elle me
semblait déjà morte. Je la regardais en silence, mais elle avait
évidemment entendu que sa maman était arrivée, et avec un énorme effort elle a essayé de me sourire. Alors je lui ai demandé ce qu’il avait
pu arriver et elle me répondit : « Tout, tout, maman ! Mais tu sais, je
n’ai rien gaspillé, même pas tant comme ça de douleur – ajouta-t-elle en
appuyant le pouce contre l’index pour indiquer une toute petite
quantité. J’ai vraiment tout offert à Jésus ». En ce moment-là je me
suis tournée vers Ruggero et vraiment nous avons ressenti, en nous
regardant, que nous aurions dû nous agenouiller devant cette fille pour
admirer et remercier Dieu pour toutes les merveilles qu’il accomplissait
dans son âme”.
Dans un autre moment de particulière souffrance physique, elle confie à sa maman:
“Jésus blanchit mes taches avec de la javel pour enlever même les petits
points noirs, mais la javel brûle. Donc, quand j’arriverai au Paradis,
je serai blanche comme la neige ». Et encore: « Tu vois, je n’ai plus
rien, mais j’ai encore le cœur et avec celui-ci je peux encore aimer”.
Don Lino, le vicaire, lui apporte chaque jour l’Eucharistie : pour
Chiara c’est le moment le plus attendu et important de toutes ses
journées. Elle comprend que la fin est proche. Elle se prépare et
prépare aussi son entourage. Avec son amie Chicca, elle choisit les
chansons qu’elle aimerait pour son enterrement.
Elle aimerait que son enterrement soit une fête et elle ne néglige aucun
détail : les fleurs, la coiffure, les vêtements pour ses parents et
pour elle : blanc, comme une épouse… À sa maman elle confie :
“Quand je serai partie pour le Ciel papa et toi vous écrirez l’expérience que nous avons vécue ensemble et vous l’offrirez comme un don ». Et à un autre moment, elle recommande : « Quand tu me prépareras, tu devras toujours répéter maintenant Chiara Luce voit Jésus”